Notre doyen a 105 ans !!

Georges Hilpert : une vie de centenaire franco-allemande

Georges Hilpert fêtera ses 105 ans à la Villa d’avril où il occupe une chambre depuis seulement juin dernier. Jusqu’à présent, il était autonome et vivait chez lui à Freyming. Photo Odile Boutserin
Odile Boutserin

Georges Hilpert fêtera ses 105 ans à la Villa d’avril où il occupe une chambre depuis seulement juin dernier. Jusqu’à présent, il était autonome et vivait chez lui à Freyming. Photo Odile Boutserin
Georges Hilpert fêtera ses 105 ans à la Villa d’avril où il occupe une chambre depuis seulement juin dernier. Jusqu’à présent, il était autonome et vivait chez lui à Freyming. Photo Odile Boutserin
Georges Hilpert aura 105 ans dans quelques jours. S’il ne peut plus trop se fier à ses oreilles et à ses jambes affaiblies, le centenaire aime encore converser avec sa famille proche et ses voisines de chambre à la Villa d’avril. Il en est le doyen et peut-être même celui de Saint-Avold depuis qu’il est devenu résident de la maison de retraite en juin dernier. Un titre qui semble toutefois glisser sur cet ancien instituteur qui se revendique d’abord Freymingeois, sa ville de naissance le 28 octobre 1918, sa ville de cœur pour y avoir fait quasiment toute sa carrière à l’école du Centre et à la cité de la Chapelle, sa ville de dévouement en créant Familles rurales ou en portant le casque de sapeur-pompier. Lové dans son fauteuil roulant, Georges répond aux questions, s’assoupit quelques secondes puis réagit : « Je suis Lorrain ! L’Europe s’est formée chez nous, à la frontière. » Il nous tend la perche pour ouvrir une page d’histoire franco-allemande où comme bon nombre d’Alsaciens et Mosellans, il a été pris en tenaille par les annexions et guerres successives. Georges Hilpert est né avec la nationalité allemande, quinze jours seulement avant l’armistice mettant fin aux combats de la Première Guerre mondiale. En 1919, grâce au traité de Versailles, « il a été réintégré de plein droit dans la nationalité française », resitue son fils, Jean-Paul, maire de Théding. Georges est l’aîné d’une fratrie de quatre garçons. « Ils ont toujours été unis comme les doigts de la main », témoigne son neveu, Jean-Luc. Pourtant, la guerre de 1939-1945 leur arrache Etienne, tué en 44 en Pologne alors qu’il avait été enrôlé de force dans la Wehrmacht à 16 ans et envoyé sur le front de l’Est. « Vous vous rendez compte, il aurait pu combattre en face-à-face avec ses frères engagés dans l’armée française ! ».

À la retraite depuis 47 ans

À en croire sa fille Anne, médecin, la longévité de son papa est due pour une bonne part à « son fort tempérament qui lui a permis de traverser les épreuves, de se protéger et d’avancer ». Un héritage paternel. Le père de Georges était mineur-paysan et… syndicaliste anarchiste. « Les Houillères n’aimaient pas les Hilpert ! », atteste le centenaire qui, lui aussi n’était pas du genre à se laisser museler. « Je n’ai pas terminé mon mandat de conseiller municipal car le maire de l’époque, Pierre Potier, ne m’a jamais donné le titre promis d’adjoint à Freyming. » Georges Hilpert a eu six enfants dont quatre issus du premier lit : Renée, Jean-Paul, Christiane et Gérard (tous deux décédés). La première épouse, Élisabeth, est décédée en 1951. Anne et Michel sont issus d’un remariage avec Renée Bour, partie en 2007 à l’âge de 89 ans. Depuis qu’il a pris sa retraite il y a près de cinquante ans, Georges est toujours resté actif et autonome dans sa maison de Freyming jusqu’à il y a quelques mois, où il a rejoint la Villa d’avril. Sur les murs de sa chambre, une photo de famille prise lors de son 100e anniversaire et trois toiles signées Georges Hilpert. Parce que le centenaire a aussi été peintre dans… ses jeunes années.

Odile Boutserin

Article paru dans le R.L. du 24 octobre 2023

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