Blanche MARQUIS – HENRION (Paixhans 1944/48)

Nous apprenons le décès de Mme Blanche MARQUIS – HENRION (Paixhans 1944/48) le 9 novembre à Montigny-lès-Metz.

Les obsèques ont été célébrées le mardi 13 novembre à 10h30 en la Chapelle de la Sainte-Famille à Montigny-lès-Metz.

Blanche a été longtemps trésorière de l’Association des Anciennes de Metz et avait intégré le bureau de notre association lors de la fusion.

Texte rédigé par André MARQUIS, fils de Blanche et lu par Georgette Petry lors des obsèques de celle-ci, le 13 novembre en la Chapelle de la Sainte-Famille à Montigny-lès-Metz

MAMAN, tu es née Blanche HENRION le 30 mars 1928 à ST-AVOLD, tu étais la seule fille d’une fratrie comportant également quatre garçons dont l’un est décédé à l’âge de huit mois.
Après une scolarité primaire au pensionnat à ST-AVOLD, tu as été évacuée vers le POITOU le 3 septembre 1939 avec ton jeune frère André, et votre mère Berthe alors juste divorcée de votre père Emile Martin où vos deux frères ainés Emile et Roger vous ont rejoints peu de temps après.
Afin d’éviter à tes deux frères ainés de tomber sous le joug des nazis comme « Malgré-nous » et à toi même et à ton jeune frère de devoir suivre une scolarité en allemand, votre mère a pris la sage décision de rester dans la Vienne avec vous après l’Armistice de 1940.
Sans désemparer, tu as réussi ton Certificat d’études primaires dans la petite école privée de CEAUX-EN-COUHE, puis, grâce à un concours de Bourse, tu es entrée directement en quatrième au Collège de la Providence à POITIERS ; Tu avais alors treize ans.
Après deux ans dans cet établissement, tu as intégré le Collège moderne de jeunes filles de ROMAGNE dans la campagne poitevine. Cette dénomination de Collège cachait alors le véritable rôle de l’établissement. Sous la férule de Mademoiselle MARTIN, sa directrice, c’était en réalité l’Ecole Normale de jeunes filles de METZ repliée, qui avait pour vocation de former les institutrices de la Reconquête ;
A l’heure de la Libération, tu es remontée seule à METZ pour l’Ecole Normale de la rue Paixhans ; Tu avais dix-sept ans. Tu as ainsi suivi les cours de nombreux enseignants compétents et disponibles, parmi lesquels Mademoiselle OUIN, Mademoiselle URSTEL et, surtout, Mademoiselle BUCHET, dite la “Jeanne”, qui t’aimait beaucoup et que tu aimais toi aussi.
« C’est en considération de cet épisode de ta vie que l’Office National des Anciens Combattants et Victimes de Guerre t’a reconnu la qualité de Patriote réfractaire à l’Annexion de Fait le 13 janvier 2015 »
Ta mère, restée dans le Poitou, venait de se remarier ; à cette époque il apparaissait vain pour toi d’espérer un exeat de Moselle et surtout un ineat en Vienne. Tu n’as rejoint ni ta mère ni tes amis de la Vienne ;
Tu es restée en Moselle et c’est là que tu as reçu ta première affectation : tu as été nommée titulaire au groupe scolaire du Chemin des Dames à ALGRANGE en 1948. Tu étais une institutrice appréciée de tes élèves et de tes collègues ; ta rigueur et ton exigence étaient légendaires. J’ai d’ailleurs eu moi-même l’occasion de connaitre ton enseignement pendant deux années où j’ai été « ton » élève et compris de « l’intérieur de la classe » ce qu’était ton autorité….
Tu as fait la connaissance de mon père, Raymond, au bal de la Saint-Jean de la fête d’ALGRANGE en juin 1950- Raymond, né le 15 octobre 1918 à BOULANGE était dessinateur projeteur formé à l’Ecole Nationale Professionnelle Louis Vincent à METZ avant la guerre, puis reconverti en conducteur de travaux en sidérurgie, puis en mine.
Vous vous êtes mariés civilement à la mairie d’ALGRANGE le 2 septembre 1952.
Un an après l’avoir connue, tu t’es occupée avec beaucoup de dévouement de la très chère maman de Raymond, ma grand-mère Catherine, qui avait été amputée d’une jambe en 1951. Elle est décédée dans sa soixante quatorzième année peu de temps après ma naissance qui a été sa dernière joie.
Maman, tu as été bouleversée par une extrême douleur lorsque ton jeune frère André est décédé par noyade dans un accident de loisir le 10 mai 1953 à HANOÎ en INDOCHINE. Il avait vingt quatre ans ; il était jeune sous-officier de l’armée française. Vous aviez partagé tant de moments de complicité ; le corps de ton frère a été rapatrié ; il repose au cimetière de VAUX-EN-COUHE. Il est depuis l’an 2000 avec votre mère décédée à l’âge de quatre vingt dix neuf ans et son second mari décédé à l’âge de quatre vingt sept ans.
Je suis né le 9 mars 1956 à ALGRANGE et j’y ai vécu avec vous jusqu’en 1968 ; j’ai une pensée ici pour mon grand-père paternel, Léon, qui a vécu avec nous en bonne intelligence après son veuvage jusqu’à son décès à l’âge de quatre-vingt et un ans.
Pour m’éviter des déplacements périlleux avec ma vue défaillante vous avez déménagé en 1968 à THIONVILLE où maman tu as exercé pendant six ans à l’école Victor Hugo de THIONVILLE alors que Raymond a continué à travailler comme conducteur de travaux à ALGRANGE jusqu’à sa préretraite des mines en 1973. J’ai réussi mon bac en 1974 dans des conditions parfois difficiles ;
J’ai perdu la vue dans l’été qui a suivi mon bac et me suis inscrit en première année de Faculté de Droit à METZ dans une unité d’enseignement et de recherche créée deux ans auparavant ; vous m’avez accompagné, vous avez déménagé à METZ en 1974 toujours vous vous êtes efforcé de me faciliter la tâche autant que c’était possible ; tu as achevé ta carrière au groupe scolaire de la Seille, avenue Malraux à METZ, jusqu’en 1978, époque à laquelle tu as pris une retraite anticipée comme maman d’un enfant lourdement handicapé.
Maman, j’ai toujours bénéficié de votre aide fort efficace et très discrète pour mes études, vous m’avez soutenu et j’ai été quatre fois major de promotion et deux fois lauréat de la faculté jusqu’à ma réussite au concours d’entrée à l’Ecole nationale de la Magistrature.
Et toi, maman, tu m’as systématiquement accompagné pour la période de scolarité à BORDEAUX et à PARIS, pour le stage en juridiction à METZ, pour ma première affectation à SARREGUEMINES, puis enfin pour ma deuxième affectation à METZ.
Mes parents et moi avons partagé de nombreux moments de complicité ; nous avions des loisirs communs tels que la chasse, l’opérette au théâtre de METZ, les concerts, la semaine de vacances à la neige en SAVOIE depuis 1981 et même plus simplement des parties de belote avec des cousins.
Devenue veuve après le décès de mon père le 19 septembre 1994 tu as continué à m’accompagner chaque fois que cela était nécessaire que ce soit pour des déplacements professionnels, familiaux ou de loisir lyrique. Tu as continué une vie active et tu as été trésorière de l’Association des anciennes de l’Ecole Normale de METZ pendant de nombreuses années. Outre l’assistance à de nombreux concerts et la participation à quelques voyages, tu as toujours revu et parfois aidé les membres de ta famille et tes amies.
Toujours très proche de ta mère, tu avais eu le désir après un long silence, malgré le barrage de la langue, de renouer le contact avec ton père ; je t’avais encouragé dans cette démarche.
Mon autre grand-père… que j’avais peu connu- était essentiellement dialectophone, il était déjà malade. Il est décédé à l’âge de quatre vingt sept ans.
Maman, il y a quelques années, tu as donné des signes de fatigue et ralenti tes activités… tu as commencé à perdre tes repères ; alors tu as pris la très sage décision d’entrer, en février 2013, dans une maison de retraite, la Sainte-Famille de MONTIGNY-LES-METZ, que tu connaissais parfaitement, pour y être venue rendre visite à des amies à de nombreuses reprises .
Maman, ta vie n’a pas toujours été simple, mais elle a été bien remplie ; nous sommes nombreux ici pour te témoigner notre affection.
Merci à toutes les personnes de cette maison qui ont accompagné ma mère quotidiennement avec attention et disponibilité. Elle vous avait fait confiance.
Malgré notre douleur et notre tristesse, ma vie continue avec mon épouse Jeannette sans laquelle je ne serais qu’une heure arrêtée au cadran de la montre.

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